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mercredi 19 décembre 2007

Les propositions de notre politique

I- Une politique à distance de l'État
Nous inventons une politique à distance de l'État, du point des gens. Au principe de guerre aux gens pratiquée par la politique de Sarkozy, notre politique répond par le principe de paix, la bonne politique doit travailler à la paix et non pas à la guerre ; paix entre le gouvernement et les gens : les bonnes lois sont des lois de paix, des lois qui manifestent le respect et la considération pour ceux à qui elles s'adressent, ceux pour qui elles fixent les droits. Des lois qui ont aussi pour effet d'encourager l'entente et la paix entre les gens eux-mêmes.
La politique que nous faisons n'est pas une politique de parti, elle n'est pas dans l'État, nous ne participons d'aucune façon au pouvoir, aux élections de députés, aux élections municipales. Nous ne travaillons pas avec le pouvoir ou avec les mairies ou avec les administrations. Nous ne sommes pas une association, nous ne recevons aucune subvention ou quoi que ce soit de ce genre. En un mot, nous appliquons le principe d'être à distance de l'État, de ne compter que sur nous-mêmes, nous sommes vraiment indépendants, vraiment libres de nos choix, de nos décisions, de nos orientations.
"À distance de l'État" signifie beaucoup plus que simplement de pas être dans le système électoral et absolument indépendant. Notre conception de la politique n'a pas le pouvoir et l'État comme enjeu et cible, ni comme modèle. Notre politique n'a pas comme visée d'arriver au pouvoir et de l'occuper. Le pouvoir corrompt la politique, l'asservit, en devient la raison. Du côté des gens ou du côté du pouvoir, toute politique doit choisir. Nous sommes les premiers à dire cela aussi clairement et à le mettre en pratique. Nous sommes les seuls aussi. Toutes les autres politiques, en France, sont des politiques de pouvoir, et chacune propose, de l'intérieur du pouvoir et de l'État, d'orienter le pouvoir de telle ou telle façon.
Comment argumenter une telle conception de la politique et sa distance vis-à-vis de l'État ? L'État est un lieu majeur de décision et de pouvoir. Comment concevoir la politique si ce n'est pas pour occuper l'État et exercer le pouvoir ? Là est la force et la nouveauté absolue de ce que nous proposons et de ce que nous faisons. Il faut intervenir à l'endroit de l'État et ne pas cesser de mobiliser à son endroit, et cependant rester extérieur, absolument. Telle est notre proposition. Il faut tenir le plus grand compte du pouvoir d'État et ne pas chercher ni à le prendre ni à l'occuper. Il faut une force politique indépendante qui contraigne le pouvoir, tout en lui restant extérieur. Cette force politique, c'est celle qui s'organise du côté des gens, sur ses principes propres. Principe et pouvoir, cela est scindé, séparé, opposé et hostile, de même que justice et respect en regard de l'État. Le pouvoir d'État est toujours à la recherche de sa propre puissance, soucieux de la manifester par toutes sortes de violences et d'agression contre les gens, voire contre d'autres États. Tels sont les États et les gouvernements, sans exception aucune et sans possibilité d'exception. La chute de l'Union Soviétique, le destin actuel de la Chine, signent sans appel, le fait que ce qui était cherché – conjuguer capacité politique des gens et Etat avec l’idée de révolution et de socialisme - sous le nom de marxisme, puis de léninisme et de maoïsme, n'a pas trouvé son chemin et, à mon sens, ce chemin n'existe pas. C'est ce que le solde du vingtième siècle permet de soutenir. Tranchons : l'hypothèse du communisme, c’est-à-dire d’un dépérissement possible de l’Etat socialiste au profit d’une capacité politique des gens, est close et à mon sens depuis longtemps, depuis l'échec de la phase ouvrière de la Révolution culturelle chinoise (1966). Dans les faits, il faut penser la politique de façon radicalement nouvelle. Il faut que la nouveauté de la pensée soit à la hauteur de la nouveauté des exigences, et aussi à la mesure de ce que nous avons fait et appris sur la politique aujourd'hui. Nous devons connaître et réfléchir les grandes expériences du passé, non pour les répéter ou pour reprendre leurs mots et leurs catégories, mais au contraire pour les interroger avec nos idées actuelles et comprendre pourquoi une politique non étatiste était si difficile à inventer et à consolider.
L'époque où la politique radicale était révolutionnaire, c'est-à-dire visait le pouvoir d'État, cette époque étatiste de la politique est close. Il faut alors rompre avec tout ce qui aujourd'hui alimente l'étatisme, parti, syndicat, électoralisme, la dictature de la propagande d'opinion. Notre politique ne se construit pas sur une théorie de l'État, des classes, ou de l'histoire des classes et de l'État. Nous n'avons pas de théorie de la politique en général, mais une conviction : nous devons être à distance de l'État et construire une capacité politique nouvelle qui a son champ propre à distance de l'État, et c'est cette capacité qui fait notre force dans nos batailles politiques.

II- Batailles politiques et formes d'organisation
-1- Abrogation de la loi CESEDA. Le Rassemblement des Collectifs d'ouvriers sans papiers des foyers organise la bataille pour l'abrogation de la loi CESEDA Sarkozy et pour de nouvelles lois de droits positifs pour les étrangers en France. Cette bataille est vraiment essentielle, elle porte la figure du travail, la question ouvrière, celle du respect des étrangers, et prend position pour une figure nationale de la France adossée aux idées de paix et de respect et s'opposant aux désastreuses campagnes et pratiques du gouvernement contre les étrangers et contre leurs familles. Nous avons besoin de plus de militants, de renforcer les collectifs qui existent, d'en créer de nouveaux, de plus se lier sur ces questions avec les quartiers, avec les universités et les écoles.
L'amendement Hortefeux à la loi CESEDA du 23 octobre dernier, qui a été présenté comme ouvrant la possibilité d'une régularisation pour les ouvriers sans papiers qui pourraient se procurer une promesse d'embauche, se révèle, pour l'instant, une annonce sans contenu, destinée à alimenter dans les préfectures les dossiers de sans papiers, en y ajoutant les noms et adresses des employeurs. On sait que c'est à la demande de certaines organisations patronales que cet amendement a été introduit. En particulier dans la restauration, le bâtiment, le nettoyage, les patrons voudraient embaucher régulièrement les ouvriers sans papiers qu'ils ont licenciés sous la pression des préfectures et des menaces de sanction. Le gouvernement a publié, après le vote de l'amendement, une première liste des métiers ouverts aux ressortissants non européens, tous métiers spécialisés et qualifiés. L'amendement ne concernerait pas les métiers ouvriers.
Cependant pour la première fois, le gouvernement reconnaît que les sans papiers sont des ouvriers et qu'ils jouent un rôle majeur dans l'industrie, puisque les patrons les réclament. Nous devons poursuivre et élargir notre bataille. C’est la raison de la manifestation du Rassemblement organisée le samedi 15 Décembre à 14h 00 au départ de Belleville à Paris.

-2- Ne pas laisser les jeunes des quartiers et des cités seuls face à la police. Le drame de la mort de Moushim et de Laramy, à Villiers-le-Bel, nous convoque à cette exigence de la politique du côté des gens : engager un travail d'organisation et d'intervention pour que la question de la police dans les quartiers et les cités devienne une question pour tout le monde, afin que les choses changent radicalement là-dessus. Nous souhaitons sur ce point organiser ensemble jeunes, parents, et tous ceux qui le voudront bien.
La police aujourd'hui est en charge de la politique de l'État. Elle n'est pas du tout simplement assignée à des tâches d'ordre et de sécurité publique. Elle applique la politique du gouvernement, de violence et d'arrestation. Face aux grévistes étudiants, pourquoi charger et matraquer comme à Nantes et à Grenoble et à Nanterre, si ce n'est pour signifier que ceux qui s'opposent à la loi Pécresse et font des piquets à l'entrée des universités doivent être traités comme des délinquants, matraqués et si possible arrêtés, jugés condamnés ?
Mettre les évènements de Villiers-le-Bel , après la mort des deux jeunes, sur le compte de la « voyoucratie », faire passer les habitants de la cité pour des « délinquants graves » qu'on enverra en cour d'assises, appeler la population à la délation moyennant paiement d’une prime, relève de la même logique. La police, c'est sacré pour Sarkozy. Soit, mais que fait-il faire à la police, que laisse-t-il faire par la police, en toute connaissance de cause ? Dans les quartiers et les cités, bien souvent la police se conduit comme dans des territoires occupés, avec l'arrogance de la force et de l'impunité. Son mépris pour les jeunes, les enfants, mais aussi les adultes de tous âges, est total. Il s'agit d'une police politique de harcèlement et de provocation, pour pousser les gens à la faute et réprimer.
La parole unanime des jeunes des cités est : la police est vis-à-vis de nous dans un rapport de guerre. Les familles le savent aussi. Cette situation est détestable, il faut politiquement y faire face. Faire de la question de la police et des jeunes une question pour tout le monde, et trouver des chemins collectifs pour mettre fin aux harcèlements policiers. La cité doit être réglée par ses habitants, pas par l'encerclement policier. Contre la catégorie de guerre policière aux jeunes et aux gens, l'organisation de la cité doit construire la catégorie de paix et de respect et d'unité entre les gens de la cité, et, sur cette base, faire reculer l'encerclement policier.

-3- La France en guerre. Les Etats-Unis sont en guerre en Afghanistan, en Irak. Ils se préparent à une guerre contre l’Iran. Ils font du ralliement à leur politique de guerre l’axe de leur politique internationale et aussi, largement, l’axe de leur politique intérieure. En conséquence, la guerre américaine est une question posée à tous, partout dans le monde, puisque partout la question de l’attitude des gouvernements par rapport aux Etats-Unis, par rapport à la guerre américaine, se trouve posée. Or cette question est très difficile. Il s’agit sans doute de prendre position contre les invasions et les opérations militaires américaines, mais cela ne va pas assez loin. On voit bien que la question posée est de trouver les termes d’une politique qui soit une authentique alternative aux visions politiques qui se rallient à la guerre américaine. La question est donc celle d’une autre politique.
Là-dessus : cette question d’une autre politique est elle-même bien obscure aujourd’hui. Formuler cette autre politique en opposant socialisme à impérialisme et anti-capitalisme à capitalisme relève pour moi, je l'ai dit, d’une période close.
Autre élément: il y a un mouvement de guerre à la guerre américaine représenté par les groupes islamiques djihadistes. L’Islam radical politique se propose de faire la guerre à l’Amérique, voire la guerre à la guerre américaine. Cette politique-là en aucun point n'est bonne à nos yeux. Il n'en est que plus nécessaire de trouver notre chemin politique pour s'opposer à la guerre américaine et à Sarkozy qui engage la France dans ces guerres.
Autre élément dans le dossier de la guerre américaine : la politique israélienne, d’une violence inouïe et meurtrière contre les Palestiniens, mais aussi son rôle de puissance militaire agressive dans la région, à la fois pour son propre compte et au compte des Etats-Unis.
Comment comprendre l’acquiescement, de fait, en France à la politique de guerre américaine et israélienne ? Bien sûr, Sarkozy s’est déclaré ami de Bush et « grand ami » d’Israël. Dans ce cas-là, pourquoi ne pas se démarquer de Sarkozy sur ces questions ?
Il s’agit de problèmes difficiles, je l’ai dit. Il y a une très grande difficulté, issue d’une domination sans partage d’une tradition étatiste, à ne pas s’incliner devant les politiques d’Etat. Surtout s’agissant des questions touchant à la guerre et à la paix, séparer la puissance coercitive de l’Etat, qui force les gens à obéir, et la question du ralliement politique et intellectuel à ce que l’Etat dit et force les gens à faire, semble impensable, impraticable. C’est comme si on soutenait que l’Etat, le pouvoir, la puissance, étaient la référence obligée en politique ou en pensée, comme si penser la politique c’était nécessairement la penser dans la logique de la puissance étatique.
On voit bien que notre mot d’ordre de rompre avec une vision étatique de la politique et de construire une politique du point des gens dispose les choses tout à fait autrement, mais nous devons constater qu’aujourd’hui nous ne sommes pas encore en mesure de disposer des processus politiques authentiques prenant position contre la guerre américaine. Il est pour nous essentiel de travailler à résoudre ce point.